L’écoute en autonomie : ça change la vie (du prof de musique)…

… et aussi un peu la vie des élèves en cours de musique !

Des activités d’écoute en autonomie, pourquoi ?
Capture d_écran 2017-11-04 à 21.55.09Les activités d’écoute occupent une grande part des cours d’éducation musicale : découvrir des oeuvres musicales, les écouter, les analyser, les comparer avec d’autres, etc. Souvent, ces écoutes se font en classe entière : l’enseignant lance le fichier audio depuis sa chaîne ou son ordinateur, et toute la classe écoute en même temps.
Cette écoute collective peut être intéressante et agréable, mais a aussi des inconvénients que l’on retrouve dans toute activité de grand groupe : tous les élèves ne se sentent pas concernés, ne peuvent pas aller à leur propre rythme, etc.
Grâce à quelques outils numériques que je me propose de présenter ici, il est possible etc classe de rendre l’écoute plus autonome pour diversifier les activités d’écoute. Au lieu de toujours écouter les extraits en classe entière, les élèves vont avoir la main sur ce qu’ils ont à écouter.


Quel matériel ?


monitor-815644_960_720Des tablettes, des ordinateurs, ou les smartphones des élèves, pour pouvoir lire les fichiers sons (voir plus bas pour les questions d’emplacement des fichiers).

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Des casques audio ou des écouteurs, pour ne pas se déranger pendant les écoutes. On peut demander aux élèves d’apporter les leurs (en ayant éventuellement un petit lot de casques en classe pour compléter). Plusieurs établissements indiquent d’ailleurs dans la liste de fournitures d’avoir une paire d’écouteurs.

619WZEu8VDL._SL1500_Et ces petits accessoires qui vont vous changer la vie : des répartiteurs audio, qui permettent à 5 élèves de se connecter sur une prise casques. On pourra ainsi proposer des activités d’écoute en groupe. Leur prix varie entre 1,60 et 12 euros, selon la qualité et la marque. On en trouvera ici ou ici par exemple, ou encore moins chers dans les magasins bazars comme Action. Dans ma classe, j’en ai quelques-uns comme ceux-là et d’autres achetés chez Action (1,70 pièce !).

Comment mettre les fichiers sons à disposition ?
Pour que les élèves puissent aller écouter les fichiers audio en autonomie, il faut que ceux-ci soient mis en ligne ou stockés quelque part. Plusieurs solutions :
1/ déposer à l’avance les fichiers à écouter sur une page de blog ou de site, puis en donner le lien aux élèves qui se rendent sur la page et ont les fichiers à disposition. Exemple ici, où les élèves ont plusieurs versions d’un même morceau à écouter pour les comparer.
2/ si on n’a pas de blog ou de site, on peut faire la même chose sur un padlet. Les fichiers sons pourront y être chargés au format audio depuis votre ordinateur, ou bien plus simplement encore sous forme en ligne de vidéo s’ils sont déjà sur Youtube. Il faudra que les élèves recopient le lien, ou le scannent via un QR-Code.
3/ déposer les fichiers audio sur un espace de Cloud, comme DropBox ou GoogleDrive, et relier l’application correspondante aux tablettes de la classe. Les élèves prennent alors l’habitude d’aller chercher les fichiers à écouter dans le dossier sur la tablette.
4/ déposer directement dans les tablettes les fichiers à écouter, lorsqu’on veut par exemple que tous les groupes n’aient pas le même extrait à analyser. Chaque groupe découvre donc un extrait différent dans sa tablette.
5/ si l’on n’a pas d’accès internet en classe, utiliser un boîtier Hooto Titan (voir l’article de Nicolas Olivier ici) qui permet de mettre des fichiers à disposition en classe sans internet. A noter que la solution 4 ne nécessite pas non plus d’internet en classe si on charge à l’avance les fichiers dans les tablettes ou dans les ordis.
6/ la plus simple, quand les morceaux sont assez courants et disponibles sur internet (Youtube ou autre) : donner juste le titre aux élèves et les laisser aller chercher les fichiers.
Personnellement, j’utilise en classe les solutions 1, 3, 4 ou 6 selon les activités. Il y aurait encore sans doute d’autres façons de faire (n’hésite pas à mettre vos solutions en commentaires).

Concrètement en classe, ça donne quoi ?
Voilà un petit exemple en vidéo dans ma classe : j’avais demandé ce jour-là aux élèves, par groupe, d’écouter 8 extraits musicaux provenant de 8 époques musicales différentes. Chaque groupe devait analyser un extrait musical de l’époque qui lui était confiée avant, dans un second temps, de découvrir aussi les extraits des autres groupes. On voit que les élèves utilisent les tablettes sur lesquelles ils écoutent leur extrait, les casques et les répartiteurs audio pour écouter à plusieurs.

Quels avantages par rapport à l’écoute en classe entière ?
L’écoute collective en classe entière peut avoir des avantages (moment musical agréable partagé en commun, écoute de qualité sur de bonnes enceintes, etc.) il ne s’agit pas ici de la rejeter. Mais ça n’est qu’UNE modalité, que l’on a longtemps privilégié pour des raisons techniques. L’écoute en autonomie a d’autres avantages :
– les élèves peuvent réécouter les extraits autant de fois qu’ils en ont besoin
– selon l’activité, ils choisissent eux-mêmes de se repasser tel ou tel passage de l’extrait
– l’enseignant peut donner des extraits différents à écouter aux différents groupes d’élèves
C’est donc avant tout des avantages de différenciation (temps, nature des supports)

Quelles activités ?
Quand toute la classe travaille sur le même extrait musical, comme sur cette fiche d’activités par exemple (les élèves doivent analyser le Boléro de Ravel en répondant à différentes questions), l’écoute en autonomie permet de laisser les groupes écouter à leur rythme le morceau, revenir sur certains passages autant de fois qu’ils le souhaitent, etc.
Mais cela permet aussi d’imaginer de nouvelles activités d’écoute, plus scénarisées, où tous les élèves ne vont pas devoir écouter les mêmes oeuvres en même temps :
– Le tribunal musical : une activité scénarisée dans laquelle les groupes d’élèves doivent chacun défendre une oeuvre musicale contre celles des autres.
– La tribune des critiques, une activité proposée par I.Bougault sur une idée d’A-C Scébalt (deux formidables collègues #edmus) : les élèves comparent plusieurs versions d’une même oeuvre et en débattent (dans l’exemple cité sur lien, Isabelle a choisi plusieurs versions d’un thème de Symphonie de Beethoven).
– La frise chronologique humaine : c’est l’activité que réalisent les élèves dans la vidéo plus haut dans cet article. Chaque groupe d’élèves s’occupe d’analyser un extrait d’une période musicale différente (de l’Antiquité jusqu’à nos jours). Puis tous les groupes sont mélangés pour former une nouvelle équipe. Chaque équipe de 8 membres (8 époques musicales) peut alors reconstituer une frise chronologique humaine, chaque membre représentant son époque et devant expliquer ce qui le différencie musicalement des autres époques.
écrire des critiques musicales
: les élèves publient des critiques musicales. Grâce à l’écoute en autonomie, ils peuvent travailler sur des extraits musicaux différents les uns des autres.
– etc., etc. ce ne sont que quelques idées qui me viennent en tête ici. Globalement l’écoute en autonomie permet de renouveler les activités d’écoute que l’on pratiquait déjà en classe entière, mais aussi d’en inviter plein de nouvelles… et des possibilités, il y a plein,  si vous avez vous aussi des idées d’activités d’écoute en autonomie, n’hésitez pas à les indiquer en commentaire !

Seulement pour les cours d’éducation musicale ?
J’ai présenté ici des situations en cours de musique, mais d’autres disciplines pourront bien sûr fonctionner de la même manière. On peut penser par exemple aux enseignants de langues vivantes qui font également écouter beaucoup de documents sonores ; pour des exercices de compréhension orale, on imagine alors aisément les avantages si les élèves peuvent écouter à leur rythme, se repasser des passages, etc.
Et, plus largement, c’est transposable à toutes les disciplines qui utilisent des support audio ou vidéos.

 

7 réflexions sur “L’écoute en autonomie : ça change la vie (du prof de musique)…

    1. Merci pour ton retour.
      Pour la durée : ça dépend vraiment de l’activité, et du degré d’autonomie qu’ils ont (degré qui augmente bien sûr au fur et mesure), mais entre 5 et 20 minutes en gros, selon l’activité.
      Pour la pratique : oui, pour certaines activités. C’est le prochain billet : des activités de pratique musicale en autonomie !

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  1. Bonjour ! Avant tout je viens saluer ce travail de recherche permanent qui m’inspire beaucoup !! Je pratique régulièrement les écoutes en groupe autour des tablettes. J’ai adapté mes fiches d’écoute au travail de groupe et la prise de note est plus autonome du coup. Ma difficulté est plus dans l’exploitation de ce qu’ils font… Souvent on est obligé de passer par une correction « magistrale » juste après, ou ils ont à finir le travail à la maison et on fait la correction la semaine d’après faute de temps, et du coup ça ne sert plus à rien puisqu’ils ont oublié ce qu’ils avaient écouté la semaine précédente et (hors mis la notion de différenciation évoquée dans l’article) je ne vois pas bien le gain de temps… Mais je dois mal m’y prendre… Peux-tu nous expliquer comment tu réinvestis ensuite ce travail d’écoute de ton côté ? Merci ! Marie

    Aimé par 1 personne

    1. Merci Marie pour ton message.
      Plein de manières de réinvestir ces écoutes en autonomie. Mais de manière générale pour moi pas d’obligation de « correction collective », puisqu’avant tout ces situations sont plutôt des moyens de voir et d’écouter les élèves au travail, d’entendre ce qu’ils disent, leurs représentations, etc.
      Plutôt que des corrections, je trouve plus intéressant que cette écoute soit ensuite réinvestie dans une autre tâche, plus complexe (écrire un article, une critique, partir sur une activité de pratique qui prend appui sur les éléments écoutés), etc.

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