Il existe un grand nombre d’applications musicales de type « pads » sur tablette. Ce sont des applis qui permettent de jouer en appuyant successivement ou simultanément sur les différents pads, en déclenchant à chaque appui un son (une note ou un bruitage) ou bien un sample (petit extrait audio). J’utilise en classe avec les élèves la suite d’applications « 12 pads » mais il y en a d’autres de ce type.
Ces applications de pads peuvent être utilisées facilement en classe d’éducation musicale, et présentent de nombreuses possibilités musicales et pédagogiques au-delà de leur aspect simple et ludique. Pour les profs qui ont la possibilité d’utiliser des tablettes en classe (ou de demander aux élèves d’utiliser leurs smartphones, voir plus bas), voilà quelques utilisations possibles de ces applis
(un grand merci aux élèves du collège de Ploudalmézeau qui présentent les exemples cités dans cet article !).
Entrer directement et facilement dans la musique
La production musicale est immédiate sur les pads : l’élève appuie, ça joue. Et dans chaque lot de samples (chaque application propose plusieurs dizaines de lots), les samples sont prévus pour bien sonner ensemble : ils ont le même tempo et la même tonalité. Tout est donc bien balisé pour que le rendu musical soit agréable dans tous les cas, pas de « fausse note » possible.
Ce qui ne signifie pas que tout est joué d’avance : c’est bien à l’élève ensuite de construire un morceau intéressant.
Travailler sur les plans sonores
Ces applications sont un bon moyen pour faire prendre conscience aux élèves de ce que l’on appelle les « plans sonores », à savoir les différents rôles musicaux dans un groupe (mélodie, basse, accords, rythmique, …). En effet, on peut jouer plusieurs sons en même temps, et les pads sont justement classés par rôle (une couleur différente pour les mélodies, les basses, etc.).
Maxime, un élève de 5ème, nous explique cela :
Des applis addictives
Les applis « 12 pads » sont assez addictives pour beaucoup élèves lorsqu’ils les découvrent. Ils sont attirés par le fait qu’il s’agisse principalement de musique électro (même s’il y a des samples de quelques autres styles musicaux également), par l’ergonomie et la facilité de prise en main. Dur de lâcher l’application quand on l’a en main, et tant mieux : ils cherchent du coup de nombreuses combinaisons de samples, improvisent, et entrent ainsi petit à petit dans la création.
Entrer progressivement dans la création
Les applis de pads incitent donc à la création : à force de tester et d’explorer, l’élève cherche à reproduire des schémas, des formules, et petit à petit compose donc un morceau. Le rôle de l’enseignant d’éducation musicale peut donc être d’inciter à construire progressivement la création, à l’organiser. Par exemple en donnant quelques contraintes de durée ou de forme, en conseillant aux élèves de coder leur morceau (pour s’en souvenir d’une séance sur l’autre, ou pour organiser un morceau assez long).
Cela permet d’ailleurs de travailler plusieurs éléments de ce qui est demandé dans notre programme d’éducation musicale : concevoir une courte création musicale, et trouver un système de codage pour l’organiser.
Dans cette vidéo, on voit par exemple des élèves qui semblent avoir composé une courte mélodie qui leur plait, et qui ont mis au point un système de tablature (feuille et chiffres) pour la noter :
Accompagner d’autres sources sonores
On peut aussi demander aux élèves de coupler les applis de pads à d’autres sonores : la voix, des instruments acoustiques, ou d’autres applications musicales.
Dans cet exemple, des élèves mêlent l’appli 12 pads trap à une autre appli, SmartFaust Capture, qui transforme leur voix en direct :
Et dans cet autre exemple, des élèves (le groupe F.F.B, créé au collège cette année, dédicace à eux !) ont composé eux-mêmes une chanson entière en se servant de l’appli 12 pads trap comme accompagnement musical :
Des applis gratuites et multiplateformes, pour le BYOD et à la maison
Ces applications de pads sont pour la plupart gratuites et disponibles sur tout type de tablettes et smartphones. Cela permet de travailler en BYOD (Bring Your Own Device, expression qui signifie demander aux élèves d’apporter leurs propres téléphones et de l’utiliser en classe), comme dans la création ci-dessus « Un soirée d’été qui s’annonce » où les élèves ont complété le lot de 4 iPads par un iPhone personnel pour avoir assez de matériel.
Le fait que ces applications soient gratuites et multimarques facilite aussi l’installation par les élèves à la maison sur leur propre matériel, car beaucoup d’élèves ont envie de continuer à en jouer chez eux une fois qu’ils les ont découvertes en classe.
A quel moment du cours d’éducation musicale ?
Dans notre progression d’éducation musicale et dans l’élaboration de nos cours, il y a pour moi 2 possibilités d’envisager l’utilisation de ces applis par les élèves :
– pour faire travailler un élément précis que l’on a choisi d’aborder dans une séquence (les plans sonores, ou la forme, ou les samples, ou le codage de la musique, etc.), en donnant donc des consignes et contraintes assez précises.
– ou bien, à l’inverse, proposer aux élèves une création pure ou presque, en les laissant libres avec l’application et en les encourageant à continuer, explorer, aller plus loin, (avec peut-être seulement une contrainte de durée : un morceau entre 1 et 2 minutes, par exemple), et en voyant bien ce que cela permet de développer chez chaque groupes d’élèves.
Les deux possibilités sont pour moi intéressantes, selon ce qu’on envisage et la manière que l’on a de travailler. Je trouve cependant que la deuxième, même si elle demande de la réactivité et de l’adaptabilité, permet des créations qui correspondent vraiment à ce qu’ont envie de faire les élèves, et aussi de belles surprises musicales qui balaient peut-être plus d’éléments musicaux que ce que l’enseignant aurait pu lui-même prévoir au départ.
N’hésitez pas à partager si vous aussi vous avez des retours d’utilisation de ce type d’application !
(vous pouvez aussi visiter cet article du blog de la formidable Véronique CHENU, qui évoque l’utilisation d’une appli de pads qui permet de rejouer des morceaux connus).
Merci encore aux collégiens de Ploudalmézeau pour les différents exemples de cet article !